Déclaration : Journée internationale des femmes 2022 – Femmes de diverses origines
Mercredi le 2 mars, 2022 — Nous sommes des femmes de diverses ethnies, religions, âges et orientations sexuelles, mais nous sommes unies dans nos luttes contre le patriarcat, le racisme, le capitalisme, le colonialisme, le fascisme et l’impérialisme ! À l’occasion de cette Journée internationale de lutte des femmes, nous, Femmes de diverses origines, nous nous engageons à poursuivre la lutte pour le monde que nous voulons.
La journée internationale des luttes des femmes s’inscrit, cette année, dans un contexte mondial marqué par le cumul de la pandémie COVID-19 mettant à nu les dessous arbitraires et autoritaires des démocraties ainsi que les contradictions structurelles du capitalisme. Elle a lieu alors que la Russie a envahi l’Ukraine, après des mois de provocations par l’OTAN, incluant le Canada. Les femmes exigent la paix, une fin aux provocations de l’OTAN et le retrait immédiat des troupes russes de l’Ukraine!
La conjoncture internationale sous le sceau de la montée de la droite et ses alliances impérialistes, présente une véritable menace pour les processus démocratiques et la souveraineté des peuples. Nous observons le pendant féminin du fascisme dans plusieurs pays où des partis de droite sont dirigés par des femmes.
Le capitalisme s’allie au patriarcat, s’autonourrissant, il en résulte une situation encore plus difficile pour les femmes.
En effet, les inégalités sociales basées sur le genre, l’ethnicité sont portées à leur apogée par la pandémie, creusant un peu plus encore l’écart entre les nanti.e.s et les défavorisé.e.s de ce système axé sur l’exploitation à outrance de la force de travail. La mauvaise gestion de cette crise a augmenté l’anxiété au sein de la population permettant ainsi que les solutions de l’ultra-droite puisse paraître comme plausible pour certains. La crise a également révélé l’incapacité et l’obsolescence des appareils hospitaliers dues à des décennies de politiques néolibérales d’austérité. Ces dernières s’accompagnent aussi d’idées xénophobes, islamophobes et racistes qui se cristallisant dans des politiques migratoires restrictives, populistes et relevant de l’exploitation.
Le contexte international est également marqué par une crise économique aiguë exacerbant les batailles de marché. Les États-Unis en tête et ses alliés, pour étendre leur contrôle, cette fois notamment jusqu’au seuil de la Russie, alimente une situation de conflits dans la région. Et nous suivons les traces des femmes de Saint-Pétersbourg qui, lors de la journée des femmes de 1917, sont descendues dans la rue pour réclamer la paix et du pain et ont ouvert la voie à une révolution.
Entre-temps la Russie, évoquant le droit à la sécurité et l’intégrité de son territoire a attaqué l’Ukraine. Les pays occidentaux, s’alliant en bloc avec les États-Unis, imposent une série de sanctions en représailles contre la Russie. Le spectre d’une guerre inter impérialiste est une menace importante pour la planète, en particulier les pays de la périphérie.
Alors que les puissances impérialistes n’hésitent pas à imposer des sanctions meurtrières à tout pays qui ne suit pas leurs ordres, ils laissent impassibles d’autres pays à feu et à sang, complètement détruits, comme l’Afghanistan après 20 ans de guerre. D’un côté ce désengagement, d’un autre côté ils cherchent à tout prix à maintenir leur mainmise sur les pays vulnérables, à titre illustratif : Haïti, RDC, (Congo), Mali etc. Ils soutiennent également des régimes réactionnaires de l’Arabie saoudite, du Yémen, des Philippines, etc. Pendant ce temps, les ethno nationalistes pratiquent la tyrannie majoritaire en toute impunité ; l’Inde est aujourd’hui au bord du génocide contre sa population minoritaire musulmane.
Comment se répercute cette situation internationale au Canada, plus spécifiquement au Québec ?
Contexte local
La pandémie a mis en lumière les inégalités dans la société canadienne et québécoise. Les emplois précaires assumés majoritairement par les femmes, notamment les femmes racisées, se révèlent être essentiels pour la survie de la société. Et paradoxalement, les femmes vivent une perte importante d’emploi. Nous attendons toujours les résultats de «approche féministe à la reprise économique » promise par le gouvernement fédéral alors que les familles croulent sous le poids des prix exorbitants des produits alimentaires et d’autres nécessités.
La pandémie a exercé une pression extrême sur le système de santé, et les mesures destinées à lutter contre les effets de la COVID ne combleront pas le vide créé par le sous-financement et les coupes budgétaires chroniques.
D’un autre côté, la crise du logement met une partie de plus en plus nombreuse de la population dans une situation précaire. Sans investissement massif dans le parc de logements à prix abordable, les gens ne pourront plus se loger.
Nous observons une montée de la droite à l’échelle locale. Une tendance que nous avons vu s’accentuer avec les lois discriminatoires comme la loi 96, pénalisant les populations autochtones, les populations racisées, les immigrant.e.s et les réfugié.e.s en les empêchant d’accéder aux services de base. Nous reconnaissons l’oppression vécue par les Québécois.e.s à cause du français au Canada, pourtant ils/elles sont devenu.e.s l’oppresseur dans l’effort de protéger leur langue.
Sur un même registre, le racisme systémique et l’islamophobie deviennent plus apparents avec les effets discriminatoires de la loi 21, empirant la situation des populations déjà marginalisées, surtout des femmes.
Une autre loi, le projet de loi 2, mettra les personnes transgenres en danger car elle exige que “l’identité de genre” soit indiquée sur les papiers d’identité.
Alors qu’il devient de plus en plus difficile pour des gens de se faire un chez soi au Québec et au Canada, les populations autochtones continuent de lutter pour défendre leur chez soi, et avoir accès aux services de base, sur les territoires qu’ils habitent depuis des temps immémoriaux.
Résistances
Les gouvernements n’arrivent pourtant pas à mater la révolte des femmes.
Nous saluons les femmes qui se vouent aux soins des personnes hospitalisées, malades, démunies; les femmes qui enseignent aux enfants, tout en prenant soin des leurs, assumant un double et triple tâche pendant la pandémie, au péril de leur propre santé. Bon nombre de ces femmes sont des migrantes, travailleuses précaire, et sans statut.
Nous remercions les femmes autochtones de Fairy Creek qui tentent de sauver les dernières forêts vierges de la côte ouest canadienne, ainsi que les femmes de Wet’suwet’en, qui jouent un rôle clé dans le blocage du pipeline GNL depuis des mois, refusant de céder aux pressions des compagnies pétrolières et les forces militaires et policières qui les appuient. Elles résistent pour défendre leur territoire, mais leur lutte est aussi pour protéger la même nature et la même planète que nous partageons toutes et tous, alors même que l’on nous rappelle les ravages causés par des siècles de génocide colonial et son héritage, tout récemment au cours de l’été 2021, lorsque des centaines de tombes non marquées d’enfants indigènes ont commencé à être déterrées.
Nous saluons la victoire récente des femmes d’origine chinoise qui défendent l’héritage de leur communauté, racisée, discriminée, et qui ont réussi à stopper la destruction de Chinatown à Montréal!
Nous sommes inspirées par les femmes tenant tête aux assauts du gouvernement réactionnaire Modi en Inde qui vise à voler encore plus les paysan.n.es de leur terre. Nous saluons leur victoire après des mois de lutte et de sacrifices! Vive la lutte des paysans et des paysannes indiennes!
Nous saluons aussi les femmes qui vont jusqu’à prendre les armes pour libérer leur pays, aux Philippines, au Kurdistan, en Inde, et bâtir des sociétés égalitaires et durables, où l’égalité, l’équité et la justice prévalent.
Nous saluons également les femmes défenderesses de patries qui osent prendre une autre voie que celle dictée par l’impérialisme, comme Cuba et Venezuela. Ce, malgré les menaces d’invasion, des sanctions écrasantes et des pressions de toute part, ainsi que la propagande haineuse à leur égard.
Nous avons tout à apprendre et à gagner en construisant les solidarités entre nous.
Vive la sororité et la solidarité!